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retour sur… « Le vivant médiatisé »

Le 30 avril 2023 se tenait « Le Vivant médiatisé », le premier événement des Curiosités (à l’époque projet des « Curieux »). L’occasion de rassembler des personnes d’horizons différents autour d’une thématique de société: celle de notre rapport à la nature et à la biodiversité.

Mais aussi l’occasion aussi de de parler de l’intention du projet de tester un format événementiel. Un événement qui inspirera fortement d’ailleurs le format de « Café Curieux »deux ans plus tard. 

pourquoi cet événément ?

Dans un contexte de crise environnementale importante (réchauffement climatique, érosion de la biodiversité, enjeux de sécurité alimentaire…) et dans un monde où la technologie prend de plus en plus de place ; notre relation à la nature et à notre environnement semble questionnée. Après avoir été délaissée pendant plusieurs décennies, et notamment sous le fait de la question climatique, la science connaît un regain d’intérêt dans le grand public. Depuis quelques années, et popularisée en France par certains auteurs & autrices comme Philippe Descola, Vinciane Despret ou encore Baptiste Morizot, la notion de « Vivant » semble prendre une place importante, et nous propose un regard nouveau sur le monde et sur nous-mêmes.

A l’échelle individuelle, justement, nous avons toutes & tous des perceptions et des vécus différents autour de ces enjeux : certain.e.s n’ont jamais quitté la ville lorsque d’autres ont grandi en zone rurale; certain.e.s se considèrent comme « éco-anxieux », quant à « l’avenir de l’Humanité » lorsque d’autres ont confiance dans l’idée de progrès pour nous venir en aide et relever les défis de demain; certain.e.s ont une affinité particulière pour les plantes & les animaux, tandis que d’autres ne s’en sont jamais vraiment souciés…

Une chose est sûre, nous vivons une période de changement majeure. Comme dans toute transition, il apparaît nécessaire d’avoir des éclairages, de partager et confronter ses points de vue, et pourquoi pas de faire davantage « collectif », pour penser, ensemble, le monde que nous souhaitons pour demain. C’était l’objectif de cet échange.

les curieuses & les curieux

L’intention derrière le projet

Parmi les raisons évoquées du projet : un besoin de rassembler, de davantage partager. D’aller vers « plus de liens » dans une société très portée sur le « plus de biens ». Un gout pour la découverte de nouveaux sujets, une volonté d’échanger autour de nos centres d’intérêt, l’idée de peut-être créer un média « humain », où chacune et chacun pourrait partager points de vue, compétences, ressources…

Les thématiques abordées pourraient tourner autour de l’écologie (biodiversité, climat) ; des sujets de société (démocratie, féminisme ; migrations) ou de spiritualités (philosophie, religions). Les formats proposés, quant à eux, pourraient être des débats, des rencontres, des projections, des ateliers…

L’idée de communauté est en tout cas forte et structurante. Chacun doit pouvoir à la fois s’y sentir accueilli sans condition ; et doit pouvoir y contribuer ou y participer selon ses envies, sans obligation majeure et surtout sans prérequis d’expertise. Le projet est encore embryonnaire mais cherche à davantage se structurer. Cette première rencontre aura aussi pour but d’en imaginer de nouvelles perspectives et de voir s’il peut se pérenniser.

retour sur la rencontre

Le quoi médiatisé ?!

Après que chacun.e explique ce qu’il entend par cette idée de « Vivant Médiatisé », une introduction a permis de prendre un peu de hauteur, de cadrer davantage le débat et d’ouvrir la discussion en remettant en perspective quelques notions : rappel de quelques ordres de grandeur sur l’apparition de la vie et de l’homme sur Terre ; définition des concept d’Anthropocène ; des (neuf) limites planétaires ; de la 6ème extinction de masse ; présentation d’une opposition qui semble aujourd’hui se jouer entre un imaginaire de sobriété et un autre de solutionnisme technologique face à certains défis environnementaux… ). C’est un peu résumé mais une vision Elon Musk (serial entrepreneur fondateur de Tesla) V/S Yvon Chouinard (fondateur de l’entrepise éthique Patagonia) en quelque sorte.

Quelques textes choisis autour de ces questions sont ensuite en effet présentés et proposé aux curieuses & curieux. Parmi les extraits proposés : des planches de BD, des articles (scientifiques, de journaux) ; des photographies animales, des essais…

Nous avons pris une petite ½ heure individuellement (dans une ambiance particulièrement et étonnamment studieuse) pour prendre connaissance des ressources, nous en imprégner et prendre quelques notes en vue d’une restitution collective par la suite.

Restitution & Partage

Quelques temps (mais aussi quelques planches de fromage et quelques verres) plus tard, nous partageons nos impressions, nos ressentis sur nos lectures. Parmi ceux-ci, sont notamment évoqués :

    • Le déclin des hirondelles et les liens historiques qui les unissent à l’homme en partant d’un article de la revue naturaliste Billebaude;
    • Les cérémonies d’attachement et de remerciement à la Terre des chamans amérindiens ;
    • La disparition fulgurante des insectes en France et dans le monde mise en lumière au moment de la parution du nouvel ouvrage du biologiste britannique Dave Goulson ;
    • La métaphore des rivets d’un avion qui se détachent un par un utilisée et démocratisée par Paul Ehrlich pour parler de la disparition des espèces et du risque de 6ème extinction ;
    • La « fin de la Modernité » annoncée par le philosophie Bruno Latour au temps du « Nouveau Régime Climatique » ;
    • La privatisation de certains biens communs comme l’eau par des multinationales ; qui peut nous faire penser par opposition à la « théorie des Communs » d’ Elionor Olstrom ;
    • La convention citoyenne pour le climat menée en France comme une expérience de démocratie participative inédite qui pourrait être utilisée sur les questions de vivant :
    • Les oppositions entre agricultures intensives et modèles sobres, avec la référence à l’ouvrage du Printemps Silencieux de Rachel Carlson paru dans les années 1960 comme un ouvrage fondateur de l’écologie;
    • La disparition des zones « sans bruit d’origine humaine » dans le monde en référence au travail du bio-acousticien Bernie Krauze ;

Nous rebondissons sur les partages des autres, en confiant quelques moments de vie, entre Lille, Paris et la Tunisie. Nous nous arrêtons un peu plus sur le sujet des méga-bassines, ce projet pour lequel Emmanuel Macron avait annoncé en septembre dernier vouloir aller « au bout », déclenchant ainsi un tollé médiatique dans lequel le monde agricole est encore en plein déchirement en ce moment. Les liens avec la politique, l’emprise des entreprises ressortent comme structurantes pour préserver la biodiversité, regénérer les sols ; sortir d’un système de consommation de masse destructeur du Vivant. Ces sujets méritent d’être creusés davantage mais nous devons nous en tenir là… il commence à se faire tard !

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